Au XIXe siècle, la révolution industrielle, avec l’accélération des cadences de travail et ses machines dentées, multiplient les risques d’accidents de travail. Porter un simple tablier ne sert plus à se protéger. Avant d’être tout un symbole, le bleu de travail, c’est d’abord toute une histoire. Une histoire d’hommes qui, de père en fils, vont créer de toutes pièces l’univers du vêtement de travail en imposant leur style.
1844 : Louis Lafont est basque d’origine et colporteur de métier. Une activité traditionnelle des paysans du Pays Basque pendant l'hiver. Au fil de ses pérégrinations, il s’installe à Lyon où il ouvre boutique au 25 de la Grande Rue de la Guillotière. Un magasin de vente en détail d'articles textiles, où il est secondé par sa femme, contre¬maîtresse dans une usine textile.
1875 : Leur fils, Adolphe-Benoit Lafont, ajoute au magasin de la Guillotière un atelier de tailleur. Bien qu’il meure jeune, il a eu le temps de faire évoluer l’affaire de ses parents : le magasin de détail vend à présent ses propres vêtements, confectionnés dans l’atelier adjacent.
1890 : Alors qu’il se destine à une carrière médicale, Adolphe Lafont devient, à la mort de son père, chef de famille. Il n’a que 20 ans : il renonce à ses études pour reprendre l'affaire familiale. Et se lance dans le vêtement de travail. Son premier article ? Un pantalon de charpentier, le largeot.
- Ce pantalon en coton moleskine porte bien son nom : avec sa coupe ample, il est évasé au niveau des cuisses et des genoux afin que l’on puisse se baisser et s’accroupir facilement ; à partir du mollet, il se rétrécit, pour éviter de s’accrocher.
- C’est aussi à Adolphe Lafont que l’on doit l’invention de « la poche mètre », appelée aussi « poche gousset » : Une grande poche qui permet d’avoir son mètre à portée de main.
- Suivant le corps de métier, ce pantalon de travail est de couleurs différentes : noir pour les charpentiers et les couvreurs, marron pour les menuisiers, beige pour les tailleurs de pierre, bleu pour les charpentiers de marine.
1896 : Adolphe Lafont dépose la marque Adolphe Lafont Lyon. C'est la première marque de vêtement de travail déposée en France.
- Après le largeot, l’entreprise crée une blouse fermée par une ceinture autour de la taille. Elle est confortable et pratique, avec ses poches larges plaquées sans rabat pour y glisser mètre, instruments et carnet technique. Vont suivre toute une série de vêtements conçus pour les travailleurs : veste, pantalon, salopette, bleu de travail... le tout dans un coton ultra-épais et résistant, pour éviter les coupures et les griffures et s’adapter aussi bien aux fortes chaleurs qu’au froid humide.